La Compagnie du miel a emmené le miel de Madagascar dans l’exigeante sphère de la haute gastronomie. Localement, il est présent dans les cuisines du Chef Lalaina Ravelomanana. Passant les frontières de l’île, il conquit les tables et vitrines de la maison Lenôtre à Paris et l’Astrance, tous deux trois étoiles au Michelin, ainsi que le Passage 53 de Paris, deux étoiles au Michelin. La Grande Épicerie de Paris, les restaurants d’Olivier Roellinger, les Cafés Richard…ne manquent pas non plus à l’appel.

Miels de litchi, de jujube, d’eucalyptus, de niaouli, de palissandre et de mokarana (Macaranga cf. Obovata), 13 tonnes par an partent à destination de l’Europe, du Moyen Orient et de l’Asie, notamment au Japon. Goûtés par des jury d’exception au prestigieux « Épicures de l’épicerie fine », les miels de la Compagnie du miel ont été deux années d’affilée médaillés. Dans la catégorie “Miels et tartinables”, le miel de litchi a remporté haut la main la médaille d’or. Quant au miel de niaouli, il a obtenu une médaille d’argent dans la catégorie “Tartinables et sucrés”.

©Compagnie du miel

« Il y a eu plus d’une soixantaine de participants venus du monde entier durant la compétition. Le miel de niaouli est assez compliqué au goût. Le jury était composé de chefs et de grands noms de la gastronomie en France. On était donc très fiers qu’ils aient trouvé ce miel à leur goût. » déclare Gaël Hankenne.

Créée par Gaël Hankenne d’origine Belge, Olivier Carbon et Thibaut Lugagne Delpon d’origines française et, Haingo Rakotobe d’origine malgache, la Compagnie du Miel vît le jour à Madagascar en 2017. Œuvrant dans une démarche éthique et inclusive, ils valorisent la richesse de la biodiversité de Madagascar par leurs miels gastronomiques aux arômes uniques.

Du miel biodiverse et éthique

Émerveillés par la beauté de Madagascar et par sa biodiversité unique, les fondateurs de la Compagnie du Miel ont exclusivement orienté leur projet autour de la biodiversité de la Grande-île. « Madagascar peut offrir une qualité hors pair de miel. C’est pourquoi nous l’avons choisi. De plus, l’île est synonyme d’aventure et la végétation y est exceptionnelle. » déclare Gaël Hankenne. « Nous sommes de ceux qui sont tombés amoureux de Madagascar. » ajoute-t-il.

Grâce à des forêts mellifères endémiques comme le « mokarana », Madagascar peut offrir des miels uniques au monde. Une image d’authenticité que seule l’île peut offrir. Afin de garantir la pureté de leurs produits, la Compagnie du miel effectue des recherches poussées pour sélectionner des villages à forte densité d’espèces mellifères. Il faut également des zones assez isolées des pratiques agricoles non biologiques. Récolter des miels monofloraux comme le litchi médaillé d’or et le niaouli médaillé d’argent, requiert des géolocalisations précises avant d’installer des ruches.

Leur objectif est également d’apporter une activité génératrice de revenus pour le développement économique de communautés rurales avec une stratégie bénéfique pour l’environnement. Après une formation initiale gratuite, l’entreprise participe également au préfinancement des ruches et des matériaux apicoles. Les apiculteurs sont sélectionnés et accompagnés au quotidien pour un maximum de traçabilité et un standard de qualité précis imposé par l’Union Européenne. Une approche qui valorise la qualité du travail des artisans apiculteurs.

L’équipe de la Compagnie du miel n’hésite pas à aller sur le terrain pour être au plus proche des apiculteurs. Sur la photo de g. à d. : Gaël Hankenne, Jean-de-Dieu Rakotoarimalala et Christian Randrianavosoa. ©Nirina Rakotonanahary

Dans une optique de proximité et de traçabilité, l’équipe de la Compagnie de miel descend sur le terrain pour récolter le miel avec les apiculteurs avec tous les équipements techniques. Ce qui écarte le système d’une simple collecte qui implique de laisser l’apiculteur travailler seul ses produits pour les vendre directement.

« Ce que nous effectuons et cherchons, c’est un accompagnement et une collaboration. On travaille et récoltons ensemble les produits avant l’achat. » explique Christian Randrianavosoa, Responsable technique à la Compagnie du miel.

 « Ce n’est pas pour leur lancer des fleurs mais je n’ai jamais travaillé avec des personnes aussi professionnelles qu’eux dans ma décennie d’expérience » témoigne Jean-de-Dieu Rakotoarimalala, Apiculteur partenaire de la compagnie. Grâce au modèle de développement de l’entreprise, un apiculteur vit au-dessus du seuil de pauvreté avec 20 ruches et passe dans la classe moyenne avec 50 ruches.

À part Anjepy, la compagnie dispose d’autres sites à Ambanja, à Anjozorobe et dans la zone Est de Manakara. La jeune entreprise a un bel avenir en perspective avec la certification biologique très prochainement.

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PORTRAIT

Portrait de Jean-de-Dieu Rakotoariamalala ©Nirina Rakotonanahary

Un matin de juin froid et brumeux dans le petit village d’Anjepy, à 40 km de la capitale, Jean-de-Dieu Rakotoariamalala (dit Jean-de-Dieu), l’apiculteur quinquagénaire est levé depuis des heures. Grand bout en train ragaillardi, il ne se ménage pas pour bichonner ses ruches. « Vous n’êtes pas les premiers à venir me voir. J’ai l’habitude que des chercheurs et des ingénieurs viennent pour me demander comment faire. Ironique non ? » claironne-t-il avec humour.

 Père de deux filles et de deux garçons et, aujourd’hui grand-père, il a bâti toute une entreprise grâce à ses abeilles et le tout sans aller à l’université. Entièrement autodidacte, il a tout appris en observant ses parents et grands-parents, apiculteurs eux aussi. « Quand on veut quelque chose, il faut tout donner pour l’avoir. » dit-il.

Dans une chaleureuse atmosphère embaumant le miel et la cire, Jean-de-Dieu partage son incroyable parcours et les secrets de son succès, qui a de brillantes perspectives grâce à la démarche éthique de la Compagnie du miel, son principal associé.

Jean-de-Dieu est habitué à se lever aux aurores pour bichonner ses ruches. ©Nirina Rakotonanahary

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Révélation

La commune rurale d’Anjepy est réputé depuis des générations pour son miel. Petite bourgade montagneuse entouré de forêts d’eucalyptus, l’apiculture y est devenue une signature. Des générations d’apiculteurs s’y sont succédées depuis les années folles, où l’on y produisait de l’hydromel.

Dans les années 1998, les affaires étaient florissantes et l’apiculture rapportait gros. Les forêts d’eucalyptus pullulaient en nectar et les abeilles donnaient un miel à l’arôme unique. De quoi illuminer des yeux d’enfants. Ce fut un déclic pour Jean-de-Dieu qui n’avait alors aucune expérience. «J’étais fasciné et j’ai essayé. », raconte-t-il.

Après quelques années, une opportunité s’est présentée à Jean-de-Dieu qui réalisa un rêve d’enfant, avec des formations données aux apiculteurs par le Président de la Délégation Spéciale (PDS) de l’époque, Razakarimanana Ferdinand. « Ce programme m’a permis d’acquérir les bases techniques. » Gravissant les échelons, il a été recensé suite au Projet de Soutien au Développement Rural (PSDR).

Particulièrement motivé et passionné, il a bénéficié d’une formation apicole très poussée grâce à l’accompagnement d’un professionnel étranger pendant trois mois. « Selon moi, c’était surtout grâce à cela que j’ai vraiment pu devenir un vrai professionnel dans l’apiculture. C’était un acharné, tant qu’on n’était pas assez performants, il ne nous lâchait pas. »

Entouré de forêts d’eucalyptus, le village d’Anjepy est réputé depuis des générations pour son miel.

Perfectionniste dans l’âme

 Dextérité et force de caractère acquis, Jean-de-Dieu releva avec brio tous les défis qui se sont présentés à lui. Perfectionniste dans l’âme, il n’hésite pas à se déplacer jusqu’à Toamasina, à plus de 300 km de chez lui, pour chercher lui-même de la cire de qualité.

 Cette aubaine l’a alors permis de faire de nouvelles rencontres dans la province pour développer son activité. Cernant bien les gens de confiance et toujours dans le désir d’aller plus loin dans son entreprise, « il m’avait parlé de matériels et de procédures à suivre pour fabriquer la cire sur place. »

 Dans un esprit d’entrepreneur avisé, il emprunta pour investir dans des matériaux professionnels. Il acheta alors un moule pour base de cire alvéolée, un plus grand extracteur, des tamis aux normes, etc dont l’un vaudrait le prix d’une petite voiture ! « J’ai dû travailler nuit et jour pour payer mes dettes et combler ces dépenses. »

En technicien aguerri, Jean-de-Dieu montre à Christian Randrianavosoa comment déplacer une reine et créer une nouvelle ruche.

Retours sur investissements

Puisant sa force dans son caractère méticuleux et ses ambitions, le patriarche est devenu un véritable sujet d’admiration dans son village. Il a même gagné le respect de personnalités publiques. « Tenez-vous bien ! Le miel d’Anjepy est célèbre dans le monde entier ! » clame-t-il avec fierté.

 Formateur et apiculteur moderne en possession d’une centaine de ruches, il dispose, à l’heure actuelle, de plus de clients qu’il ne pourrait espérer en plus de sa collaboration fructueuse avec la Compagnie du Miel. Fruit d’un parcours de grand entrepreneur, son succès fait la fierté de tout le village d’Anjepy. On y vient des quatre coins du pays pour apprendre l’apiculture professionnelle avec Jean-de-Dieu.

Grâce à son miel, Jean-de-Dieu est aujourd’hui propriétaire d’une des plus jolies fermes des environs d’Anjepy. ©Nirina Rakotonanahary

Grâce à la stratégie inclusive et durable de la Compagnie du miel, le mellifère homme d’affaires peut aujourd’hui se targuer de ne plus avoir besoin d’un autre travail pour compenser. Avec ses 100 ruches produisant jusqu’à 10 kg de miel par récolte et les prix offerts par la compagnie, ce fermier est largement dans la classe moyenne malgache en termes de revenus, voire plus.

 Propriétaire d’une des plus jolies fermes des environs, d’une moto et de matériels d’apiculture de pointe, ce grand passionné ne compte pas s’arrêter là. Il a investi dans un terrain pour installer plus de ruches. Il est même parmi les seuls à avoir l’électricité dans une bourgade où avant il n’y en avait pas. « Un jour, je compte m’acheter un extracteur encore plus grand. Et pourquoi pas une voiture pour mes livraisons en ville ? » déclare le visionnaire.

Sources externes