Nafeno Constantin Sobinson, fondateur de Soku Group, “la blockchain est un trésor de technologie révolutionnaire et décentralisée.

 

À l’ère où la technologie connaît un essor exponentiel, les systèmes de transactions dans le monde se tournent vers la “blockchain” de cryptomonnaie. Sécurité de données et liberté financière ne sont plus des utopies. La “blockchain” est partie pour bouleverser l’économie mondiale. Soku Group, entreprise parisienne fondée par un Malgache, figure parmi les meilleures en Europe dans l’architecture “blockchain”. Le Président Directeur Général,  Nafeno Constantin Sobinson, a accordé une interview exclusive pour l’Economic Development Board of Madagascar (EDBM).

L’EDBM : Pour les non initiés, que faut-il savoir sur la technologie “blockchain?

Nafeno Constantin Sobinson (N.C.S.) : la “blockchain” se base sur un système de stockage décentralisé de données (ou) de transactions. Historiquement, son essor a débuté en même temps que le “bitcoin” lors de la crise financière mondiale de 2008. Il y a eu une perte de confiance envers les banques qui a poussé de nombreuses personnes, dont un certain Satoshi Nakamoto, à créer un système de transaction virtuel et sans intermédiaire

Plus concrètement, il s’agit d’enregistrer les données de transaction sur un réseau depuis sa création jusqu’à son arrivée au destinataire. Le moment exact, la somme exacte et toutes les actions sont auto-enregistrés dans le réseau de bloc. L’utilisateur se sert ensuite d’une clé publique qui servira de traçabilité de son identité (ex: numéro de téléphone) et d’une clé privée (code PIN) pour signer et confirmer la transaction. Des ordinateurs en réseau vont crypter et enregistrer cette dernière dans un bloc de base de données. La succession de transactions effectuées forme alors des enchaînements de blocs, d’où l’appellation “blockchain”.

Les données sont publiquement accessibles, enregistrées à vie et ne peuvent s’effacer même quand il s’agit d’une transaction anonyme. C’est ce qu’on appelle des “smart contract”. Des références cryptées sont automatiquement enregistrées à la moindre action. Toute falsification est alors impossible et les frais de transaction sont quasiment nuls puisqu’on ne passe pas par une banque . Il n’y a pas du tout d’intermédiaire, la transaction se fait directement de pair à pair via le réseau de bloc, donc celle-ci est entièrement décentralisée. C’est ce qui fait la fiabilité de la “blockchain”, une technologie révolutionnaire ! 

L’EDBM : Quelle est alors la place de Soku Group dans l’essor de la “blockchain” ?

N.C.S. : Soku Group travaille dans la conception de logiciels, d’applications web ou mobile et dans l’édification d’architectures “blockchain”. Cette dernière est d’ailleurs notre spécialité du moment et nous sommes parmi les meilleurs architectes “blockchain” en Europe.  On a également été parmi les premiers à se lancer dans cette technologie en 2008 et je suis fière de pouvoir dire que Soku Group est la seule entreprise dirigée par un Malgache qui œuvre dans la “blockchain”

Par ailleurs, Soku travaille essentiellement avec des pays étrangers puisque les besoins dans le secteur sont encore appelés à se développer à Madagascar. Parmi nos premiers clients par exemple figure Digidom, l’équivalent français de l’EDBM. 

L’EDBM : À part la cryptomonnaie, à quoi pourrait-on appliquer la technologie “blockchain” ?

N.C.S. : En tant que technologie de confiance, la “blockchain” est ouverte à de nombreuses possibilités d’applications. On est tous déjà témoin que le succès fulgurant du “bitcoin” a conduit à l’émergence de nombreuses autres cryptomonnaies dont le célèbre “ ethereum”. La Banque Centrale de Madagascar est également sur la phase d’expérimentation de l’ “e-ariary”. En ce moment, un équivalent de 54 milliards USD en “bitcoin” circule par jour et 30 milliards USD en “ethereum” ! Comme un “bitcoin” vaut presque 60.000 USD (ethereum = 2.000 USD), la “blockchain” est l’outil idéal pour une création de valeurs ou une levée de fonds par exemples.

On peut également utiliser la “blockchain” pour des traçabilités de données administratives. Au Ghana, ils l’utilisent dans le cadastre minier. On peut aussi l’appliquer dans la traçabilité alimentaire sur toutes les chaînes de valeurs. Depuis son origine jusqu’à l’arrivée dans l’assiette du consommateur. Il s’agit alors non seulement d’une technologie de transparence mais aussi d’attestations robotisées dénuées d’erreurs.

Le saviez-vous?

L’identité du véritable créateur de la “blockchain” de “bitcoin” est encore un mystère. Satoshi Nakamoto est le pseudonyme de son supposé créateur ou groupe de créateur et qui a complètement disparu des réseaux depuis 2010.

 

L’EDBM : Y a-t-il des perspectives pour cette technologie à Madagascar ?

N.C.S. : Soku Group possède des filiales à Madagascar. Je les aie créées premièrement par patriotisme, mais aussi pour valoriser les compétences des jeunes Malgaches et pour partager mon expérience. De plus, l’avantage à Madagascar est que tout est encore à refaire. Toutes les opportunités restent encore à saisir. Il est même de notoriété que les jeunes développeurs malgaches sont des bosseurs et la jeunesse entrepreneuriale est en plein essor.

Et malgré le niveau de la connectivité internet, des faits ont montré que les administrations font des efforts pour se digitaliser. L’EDBM en est un très bon exemple. L’arrivée de la fibre optique aussi promet une bonne évolution. Je n’ai pas de doute que la “blockchain” sera bientôt d’actualité à Madagascar.

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L’EDBM : Quelle message transmettriez-vous aux jeunes qui voudraient suivre vos pas?

N.C.S. : Il est évident que les jeunes Malgaches ont besoin de se former conformément à l’évolution du marché mondial. Surtout dans le monde de la technologie, un secteur qui évolue très rapidement tous les jours. Je leur conseille donc de ne pas rester sur les acquis. À l’ère d’Internet, il n’est plus question de se contenter des cours. Il faut se tenir à jour, faire des veilles technologiques et se spécialiser dans une filière. Et pour ceux qui sont à l’étranger je leur dirais : revenez au pays, reconstruisez-le et n’attendez pas la retraite pour revenir. Les opportunités existent et les Investissements Directs Étrangers (IDE) peuvent aussi être malgaches !

Le jargon de l’expert :

  • Horodatage : Ajouter d’une manière automatique à l’aide d’une machine la date et l’heure à une donnée. Il s’agit du système utilisé par la blockchain.
  • Miner du bitcoin : opération effectuée avec de puissants ordinateurs de calculs pour crypter et valider une transaction, pour l’enregistrer dans la blockchain.
  • Nœud de réseau : point de connexion qui reçoit, crée, stocke et envoie des données sur les routes d’un réseau distribué.
  • Ethereum : la 2e cryptomonnaie en termes de valeurs après le bitcoin.
  • Altcoin : désigne toutes les monnaies numériques inspirées du bitcoin.